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22/11/2015

Il n’y a pas de démocratie si elle n’est pas éclairée

Dans quelques jours, les électrices et les électeurs recevront par la poste à leur domicile la traditionnelle enveloppe contenant les bulletins de vote et les professions de foi des listes candidates aux régionales.

Or AUCUN de ces documents - les seuls souvent que lisent les gens avant d’aller voter - ne fera la moindre allusion aux tragiques événements qui viennent de frapper notre pays. Pas un mot pour les victimes, pas le début d’une solution de sortie de crise. Pourquoi ?

La réponse est simple : le calendrier administratif des Préfectures qui supervisent ces élections a été arrêté AVANT les crimes terroristes, et les "Commissions de Propagande" - organes qui vérifient que les documents imprimés à envoyer aux électeurs-trices sont bien conformes - ont été convoquées AVANT les attentats. Les documents validés en Préfecture ont donc été réalisés AVANT les événements tragiques, et ne pouvaient donc plus - c’est la Loi - être modifiés suite à leur dépôt officiel.

On imagine cependant que l’immense majorité de nos concitoyen-nes ignorent totalement ces aspects juridique et logistique (on parle là de documents imprimés en millions d’exemplaires !). La plupart des gens vont donc être scandalisés en pensant que tous les partis politiques sont décidément complétement déconnectés de la réalité. Cette incompréhension - ou forte colère - devant tant de désinvolture supposée, ne pourra que venir nourrir l’abstention, ou pire, venir s’incarner violemment dans un vote extrémiste défouloir, aux effets dévastateurs pour la cohésion de notre pays en deuil.

Conscients de ce risque, nous avons alerté dès lundi la Préfecture de Région pour demander aux autorités de faire glisser dans chaque enveloppe électorale une page expliquant la raison technique de cet "incompréhensible silence" des partis politiques. Les services préfectoraux, bien que lucides face à ce danger, se retranchent derrière le Code électoral qui dit qu’on ne peut rien insérer d’autre dans cette enveloppe que la propagande officielle des diverses candidatures. En réponse, nous soulignons que le Code électoral n’a pas non plus prévu que notre pays soit appelé pour la première fois aux urnes alors que notre République sera placée "en état d’urgence" !

Face au risque évident de grave déconnection démocratique, nous adjurons l’État de ne pas ajouter de la confusion à la tension qui règne dans notre pays. Nous en appelons donc solennellement au Gouvernement pour qu’il prenne conscience du problème et fasse simplement insérer dans chaque enveloppe une indispensable explication.

Nous espérons que toutes les formations démocratiques appuieront notre demande.

Car il n’y a pas de démocratie si elle n’est pas éclairée.

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